L’église orthodoxe russe aux pieds de la tour Eiffel sera ultra moderne

Le 19 mars 2011

La communauté orthodoxe balance entre séduction et réticence face au projet architectural du futur centre religieux et culturel orthodoxe. L’église russe aura beau être contemporaine, elle n’est cependant pas envisagée sans ses traditionnels bulbes dorés.

Sade et Arch Group / LP Eric Le Mitouard

Des dix projets en lice, le gagnant du concours international d’architecture pour l’implantation du centre religieux et culturel orthodoxe est celui du groupe d’architectes Sade et Arch Group.

Elue par un jury de hautes personnalités russes et françaises, l’équipe gagnante est menée par l’Espagnol Manuel Nunez Yanowsky et se compose d’un bureau français, le groupe Sade et d’un bureau russe, Arch Group.

L’architecte Manuel Yanowsky a imaginé une église russe à l’architecture classique, surmontée de bulbes dorés, visibles de la Seine (le plus haut des bulbes s’élève à 27 m). Le toit est surmonté d’un immense voile en verre qui se transforme en façade photovoltaïque sur la façade du bâtiment culturel.

Le début des travaux est prévu en 2012. L’Etat russe financera le centre spirituel avec le soutien de l’église orthodoxe russe et de mécènes français et russes. Le coût des travaux est estimé par les architectes à 34,5 millions d’euros.
L’Etat russe avait déjà dépensé près de 60 millions d’euros pour acquérir le terrain occupé par Météo France, situé sur les berges de la Seine, entre la Tour Eiffel et l’Esplanade des Invalides.

Accueil hostile pour une architecture contemporaine

Si l’idée d’une nouvelle église orthodoxe aux pieds de la tour Eiffel séduit la communauté russe, le projet vainqueur est pourtant loin de faire l’unanimité.

L’association franco-russe Maxime-and-Co a effectué un sondage pour connaître quel serait le projet du concours préféré de la communauté russophone en France. Les résultats montrent clairement que pour les 10.331 votants, les projets aux lignes contemporaines ne sont pas appréciés.

L’association explique que si le modèle d’église proposé par Sade/Arch Group arrive en tête du sondage, ce n’est pas parce que les votants ont unanimement considéré que c’était le meilleur projet, mais que les plus «classiques» des internautes ont préféré éviter le pire en choisissant le projet contemporain le moins original.

Le projet Yanowsky est autant critiqué par les orthodoxes russes de France que par des représentants du clergé du Patriarcat de Moscou. Le motif: il ne respecte pas les canons de l’architecture orthodoxe.

L’archevêque Marc du Patriarcat de Moscou, membre du jury, a pourtant affirmé hier à la presse que ce projet est “une synthèse de la tradition orthodoxe et de la modernité” et Manuel Yanowsky a défendu son travail en expliquant que “le voile de verre est symbolique de la tradition orthodoxe car il représente le voile de la mère de Dieu”.

Marlène Brocard (Pour Aujourd’hui la Russie)
http://russie.aujourdhuilemonde.com

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